L’histoire de Jérôme, 30 ans, est d’une triste banalité. Il ne fume plus qu’un joint de temps à autre, mais sait qu’il revient de loin. Même s’il n’est jamais vraiment tombé dans les drogues dures, il traîne derrière lui 15 années d’addiction au cannabis.

«J’ai commencé à fumer au lycée. Je me fournissais grâce à quelqu’un qui connaissait quelqu’un … Puis il y a eu la fac, les squats … J’étais accro. Je fumais jusqu’à vingt joints par jour, sans parler de cette pipe à eau bien plus puissante dans ses effets. J’ai connu des bronchites à répétition. J’ai traversé de vraies situations d’angoisse quand je n’avais plus de quoi fumer. J’ai dépensé des milliers d’euros, et quand je n’avais plus assez pour mes joints ou ma pipe à eau j’ai fini par devenir dealer. Je savais que c’était illégal, mais je pensais que le risque n’était pas énorme … jusqu’au moment où je me suis fait prendre.

Malgré mon addiction, j’ai eu mes diplômes, j’ai trouvé un boulot, mais pendant des années, j’ai caché ma dépendance. Je trouvais toutes les excuses pour aller fumer dehors ou dans ma voiture … Je n’ai jamais cessé de mentir à mon entourage, jusqu’à me renfermer sur moi-même en me coupant de ma famille et de ma vie amoureuse. Jusqu’au jour où j’étais trop mal dans ma peau. Je me suis alors tourné vers des structures médicales pour commencer une période de désintoxication. Si je m’en suis sorti, c’est aussi grâce à mes amis qui ne m’ont jamais abandonné.

Moi, je fais partie de la génération plutôt en faveur de la dépénalisation des drogues douces, mais j’ai fini par revoir mon jugement. Le plus dangereux à mes yeux, c’est le risque de glisser vers des drogues plus fortes.»